Les chevelus au peigne fin
Le Parc et la Ligue de protection des oiseaux (LPO) évaluent l'état de santé des prés salés à l'échelle du périmètre du Parc naturel marin, en étudiant les espèces présentes dans leurs chenaux appelés "chevelus".
Les prés salés : des communautés végétales qui nous rendent service
Les prés salés sont de vastes prairies littorales baignées par les eaux marines lors des forts coefficients de marée. Ces environnements relativement peu étudiés et peu protégés soutiennent pourtant la biodiversité du milieu côtier dans son ensemble. De nombreuses espèces, d’importance patrimoniale et commerciale, viennent se reproduire et s’alimenter dans les chevelus qui drainent les prés salés.
Le bar, le mulet, les gobies ou l’anguille viennent régulièrement visiter les bras de mer de ses prairies dont ces espèces dépendent pour leur survie. Les prés salés jouent également des rôles essentiels car ils captent le carbone et protègent, de par leur position à l’interface terre-mer, des effets de la hausse du niveau des mers.
Le Parc naturel marin de l’estuaire de la Gironde et de la mer des Pertuis héberge plus d’une trentaine de km² de prés-salés, notamment dans l’estuaire du Lay, la baie de l’Aiguillon, le Fier d’Ars, l’estuaire de la Charente, la baie de Moëze, la baie de Bonne-Anse et l’estuaire de la Gironde.
Former à l’évaluation de l’état de santé des prés salés
La LPO et le Parc ont fait appel au réseau des Réserves naturelles de France (RNF) pour guider les gestionnaires d’espaces naturels dans l’application des techniques d’évaluation de l’état écologique des prés salés au sein du Parc.
RNF a organisé, avec le soutien particulier de la LPO, une formation pour la maîtrise du protocole permettant d’identifier les espèces de poissons présentes et les ressources alimentaires disponibles dans les chevelus des prés-salés.
Cette formation à la mise en oeuvre, sur le terrain et en laboratoire, du protocole de surveillance scientifique des fonctions écologiques des prés salés a réuni mi-mai une vingtaine de chercheurs et de gestionnaires d’aire marine protégée.
La phase terrain
Après une longue marche à travers les herbes hautes des prés-salés de la Baie de l’Aiguillon, les participants se postent aux abords d’un chevelu et préparent le matériel en attendant le jusant. C’est lorsque les poissons redescendent vers la mer qu’ils sont collectés. Pour ce faire, les filets sont disposés en travers du chenal et relevés régulièrement. Les espèces ainsi collectées sont identifiées et mesurées.
Lors de la formation, ce sont principalement des mulets porc (Liza ramada) qui ont été observés mais aussi des juvéniles de bar (Dicentrarchus labrax, Dicentrarchus punctatus), des crabes verts (Carcinus maenas) et des crevettes (Palaemonidae).
La phase laboratoire
Les participants se retrouvent au laboratoire afin d’identifier le contenu des estomacs des quelques individus de bars conservées à la suite des pêches. Blouse blanche, loupes binoculaires et détermination sont de rigueur pour reconnaitre les espèces partiellement digérées par les poissons.
Les analyses auront permis de se rendre compte que les prés salés sont une zone de nourricerie de choix pour ces poissons qui en repartent toujours l’estomac plein avec au menu de nombreuses espèces de petits crustacés (crevettes, puces de mer Gamarellus sp. …).
Evaluation de la santé des prés salés à l’échelle du périmètre du Parc naturel marin
Dans le cadre du projet CoEHCo, le Parc et la LPO synchronisent l’évaluation de 11 sites de prés-salés sur l’ensemble du périmètre du Parc. Les phases terrain seront menées en mai, juillet et septembre 2021. L’analyse des mesures réalisées a pour objectif de :
- connaitre la biodiversité marine (poissons et crustacés) des prés-salés
- et de qualifier la fonction d’accueil et de nourricerie de cet habitat pour les juvéniles de bar, en répondant aux questions suivantes : sont-ils présents, s’y nourrissent-ils et y grandissent-ils de façon significative ?